Test matériel photo, les filtres dégradés KOOD

MLM_3220

Beaucoup de photographes se sont aperçus à leurs dépends que les capteurs numériques ont un point faible, la différence de luminosité entre les différentes zones de l’image. Malgré l’aide d’un logiciel interne,  l’appareil photo ne parvient pas à équilibrer les densités extrêmes des images. L’exemple classique est une photo d’un paysage urbain comportant une zone correctement exposée sur laquelle la mesure de luminosité a été effectuée, coiffée par un ciel blanchâtre ou bleu des mers du sud. Si vous mesurez la luminosité sur le ciel, le bas de l’image sera sombre. L’image perd de son intérêt.

Sur l’image ci dessous (cascade du Déroc près de Nasbinals, Lozère ) le coin supérieur droit est sur-exposé, alors que la partie droite mériterait d’être plus lumineuse.

_MLM0216

Il y a plusieurs manières pour éviter ou limiter cela.

  • Le post-traitement qui permet de corriger les densités,
  • Le HDR qui permet par assemblage de plusieurs images de trouver une luminosité adaptée pour les zones claires et les zones foncées,
  • Utiliser l’outil de correction de l’appareil photo, par exemple le D-lighting de Nikon….
  • Ou changer d’appareil photo (!!!)

Aucune de ces trois solutions n’est idéale, chacune présentant des inconvénients. Le post-traitement a des limites car on ne peut pas rattraper les écarts de luminosité trop importants tout comme avec le D-lighting quel que soit le format des images JPEG ou RAW. Le HDR n’est pas commode à mettre en œuvre car il exige, pour être parfait, de fixer l’appareil sur un trépied. De plus, le résultat est aléatoire. Beaucoup de notices d’appareil suggèrent de mesurer la luminosité avec la mesure matricielle qui effectue une moyenne entre la luminosité de différentes zones de l’image. Ca ne change rien aux densités extrêmes de l’image.

Il existe une quatrième solution, utiliser des filtres dégradés.

Oubliez les filtres ronds classiques dont les meilleurs sont très chers mais qui imposent un renforcement de la densité sur une zone fixe.  Préférez les kits porte filtre sur le modèle créé par Cokin. Il s’agit d’un support vissé sur le filetage avant de l’objectif qui reçoit des filtres rectangulaires présentant une zone assombrie. L’avantage par rapport au filtre rond est que ce système permet de faire glisser le filtre rectangulaire de manière à ajuster la zone à assombrir en hauteur. L’inclinaison du porte filtre est possible.

On dispose sur le marché de plusieurs  dimensions de porte-filtre en fonction du diamètre de l’objectif à équiper. Comme j’ai deux objectifs ayant un filetage de 82mm j’ai opté pour la série Z de chez KOOD qui permet de monter des filtres de 100*125. Il existe aussi des filtres 100*150 chez LEE, HITECH, COKIN etc. C’est mieux du point de vue de la couverture de la zone à obscurcir mais c’est aussi plus cher et plus encombrant. La plupart des systèmes sont compatibles.

Les filtres sont déclinés en différentes densités d’assombrissement de ND2 à ND16 (de + 1 stop à + 4 stops) et avec une délimitation de la zone sombre nette (hard) ou progressive (soft). En pratique, deux à trois filtres suffisent, ceux-ci pouvant être combinés sur le porte filtre pour densifier davantage ou plus ou moins progressivement.

J’ai commandé trois filtres à assombrissement progressif des graduations suivantes ND2, ND4 et ND8. En fait ils sont marqués 3, 6, 9. ??? A la limite peu importe du point de vue de la mesure de la lumière, mais cela gagnerait à être plus clair pour le profane. Sur la pochette est marqué ND8 et sur le filtre 9 ND.

Le porte filtre reçoit une bague en métal de montage sur l’objectif au diamètre 82 et comporte trois glissières permettant de combiner en même temps deux filtres pour plus de progressivité et d’intensité. Ce porte filtre est en partie démontable – un plus – en fonction des besoins de chacun pour ajuster le nombre de glissières soit pour deux filtres simultanément soit pour un seul. Sa fabrication est correcte et son aspect est brut, genre fabrication soviétique des années 70, mais le plus important est que le système fonctionne bien mécaniquement parlant ce qui est le cas. De plus à l’usage il est solide.

Porte filtre et bague d’adaptation:

KOOD 1

Avec un filtre:

KOOD 2

Une fois monté:

KOOD 4

Petit test avec un ND4

La première photo prise au 1/640 ème de seconde, f5, 400 ISO, mesure centrale pondérée:

_MLM1558

La seconde prise au 1/200 ème de seconde, f5, 400 ISO, mesure centrale pondérée:

_MLM1557

Comme on le voit le filtre dégradé contribue nettement à ré-équilibrer les densités entre le ciel et le bas de l’image. Il modifie un peu la tonalité de l’image en raison d’une augmentation de la luminosité dans la partie basse et d’une très légère dominante bleue, pas vraiment gênante. L’objectif est un Sigma 24-105, réglé à 24 mm.

En conclusion, KOOD réalise à la carte un système complet et efficace à un tarif abordable (130€ avec le port). Il n’y a pas, du fait de la monture, plus d’assombrissement dans les coins que sans monture. Les puristes ergoteront sur le très léger changement de tonalité et sur l’imprécision des indications portées sur les filtres. Mais rien n’est rédhibitoire avec cet équipement. De mon point de vue, la première graduation de filtre, ND2, est anecdotique on peut donc en faire l’économie. Compte tenu de la dynamique  des capteurs CMOS récents cette graduation ne modifie pas sensiblement l’image. Préférez les graduations ND4 et ND8 ou plus, sachant que vous pouvez superposer deux filtres. 

Autre exemple avec un K5 Pentax et deux filtres superposés (1/90 ème de seconde, f8):IMGP0472

Et celle-ci sans filtre (1/500 ème de seconde, f8):

IMGP0473

Nota: il existe des systèmes similaires chez Cokin, Lee et d’autres. Ils sont bien plus chers pour l’amateur. L’intérêt de certains filtres non « Kood » réside dans le fait que leurs dimensions sont supérieures 100 x 150 ce qui apporte une plus grande souplesse dans la zone à assombrir. Evitez les filtres non dégradés qui passe d’une partie claire à une partie foncée sans progressivité. Quant aux dégradés colorés ils sont sans intérêt, bien que proposés parfois dans les trousses de filtre.