Modification d’un appareil photo Royer 6×9.

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Sur mon étagère de vieux foldings, j’avais depuis longtemps un Royer 6×9 équipé d’un obturateur Royer avec les vitesses lentes. Les résultats de ce appareil n’étaient pas bons malgré l’adjectif  « légendaire » que l’on accole systématiquement à tous les Angénieux et qui contribue à entretenir une côte exorbitante, sans raisons. Du reste, je ne le recommande pas, (pas plus que les TLR 6X6 de la même marque) car il y a des appareils bien meilleurs dans cette catégorie,  les Bessa, Ikonta, Kodak, Agfa, même le Kinax…souvent moins chers. Dans le cas présent, il s’agit d’un 105 mm ouvrant à f 4,5. Un souci criant de netteté et de contraste de l’optique – pourtant propre – m’a obligé à ajuster la mise au point à l’aide de la lentille frontale ce qui avait amélioré – un peu – les choses. Quelques temps après, l’obturateur commença à avoir un fonctionnement irrégulier, tantôt restant ouvert, tantôt ne donnant plus les vitesses lentes.  A la fin, il donnait une vitesse à peu près constante quelle que soit la position de la couronne. En revanche, le boîtier était très correct hormis un viseur riquiqui pénible à utiliser, autre raison pour laquelle je ne recommande pas cet appareil.

L’obturateur SITO a été soigneusement démonté, puis nettoyé, lubrifié comme il se doit. En fait, le mécanisme d’horlogerie qui assure les vitesses lentes ne fonctionnait plus sans doute du fait d’un ressort cassé.

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Un aperçu du mécanisme des vitesses lentes avec l’empreinte du propriétaire précédent !

Au cours du démontage, je notais la qualité moyenne des métaux utilisés. Il est vrai que ces obturateurs construits avec les matériaux d’après guerre n’étaient pas conçus pour faire autant de clichés que ceux qui équipent les reflex numériques. Quand un photographe des années cinquante avait fait 5 ou 6 rouleaux par an c’était le maximum. Mais les Prontor, Compur, ATOMS/Kodak, IPO, OREC, etc, de la même période me semblent bien mieux construits et conçus notamment en vue d’une réparation.

Mes recherches pour trouver un obturateur Royer de remplacement furent vaines et les épaves à cannibaliser atteignent maintenant des montants sans rapport avec la valeur « photographique » de l’appareil. Du reste les personnes qui vendent cet appareil pensent avoir quasiment mieux qu’un Super Ikonta…laissez-moi rire. Si vous en trouvez au dessus de 50 euros ce que vaut à peine cet appareil, passez votre chemin ou ne vous mettez pas en tête d’acquérir cet appareil bien que certains fonctionnent encore.

L’appareil dormit ainsi plusieurs mois sur une étagère jusqu’au jour où, trouvant un obturateur Kodak équipé d’un Angénieux de 100 mm f 4,5 impeccable, j’eus l’idée de le monter à la place du Royer défaillant. Cet obturateur Kodak provient d’un folding 620 S d’où le S qui est gravé. Il semble de fabrication ATOMS.

Au préalable,  j’effectuais un petit nettoyage du Kodak  pour que les vitesses lentes fonctionnent bien, suivi d’un nettoyage des lentilles et un graissage de l’hélicoïdale de la lentille avant servant à la mise au point. Pour mieux régler celle-ci ultérieurement je ne remontais pas la bague sur laquelle figure les distances. L’examen de l’obturateur me montra qu’il était d’une qualité bien supérieure au Sito d’origine, proche des Prontor et des Compur.

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Bague de mise au point qui se monte sur la lentille avant

Le remplacement de l’obturateur n’est pas très difficile dans la mesure où les obturateurs ont les mêmes dimensions avec des filetages de fixation normalisés. Il suffit de dévisser la bague située au fond de la chambre noire et de monter, en place, un autre obturateur.

Une fois monté, il me restait deux points à corriger, la vérification de la mise au point et l’ajustement du levier de déclenchement.

Je fixe l’appareil sur un trépied, dos ouvert et à l’aide d’un grand dépoli de format 6×9 placé à la place du film (1), l’obturateur bloqué en pose B à grande ouverture. Je tourne la lentille avant pour qu’un sujet lointain apparaisse net sur le dépoli. Je remonte alors la bague avant en prenant soin de ne pas bouger la lentille, puis je serre délicatement les trois vis.

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Lentille de mise au point. Les vis de la bague sur laquelle sont portées les distances se bloquent dans la rainure marquée de 2 points.

Le levier de déclenchement est ajusté par une légère torsion de manière à pouvoir être actionné par la commande interne du boîtier.

Voici la réalisation définitive.

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Un 100 mm procure un angle plus large apprécié pour les paysages ou les sujets architecturaux. Il me reste à le tester.

(1) une feuille de calque peut faire l’affaire. Depuis j’utilise une autre méthode plus précise que j’explique ici:

https://mlmpages.wordpress.com/2018/12/01/reglage-de-linfini-sur-un-appareil-a-soufflet-folding/

6 réflexions sur “Modification d’un appareil photo Royer 6×9.

  1. Merci monsieur pour ce bel exemple qui me fait espérer pouvoir rénover l’optique d’un kodak modèle 42 que je possède. A vrai dire, j’en possède deux, l’un pouvant rendre fonctionnel le second. Sur un des exemplaires, la bague et la lentille des distance se retirent et par conséquent n’est pas fiable pour faire la mise au point. Cette bague semble défaillante. Aussi j’aimerais récupérer celle de l’autre appareil (dont l’obturateur fonctionne mal) et le monter sur celui avec lequel je pourrais faire une meilleure utilisation. Je crains cependant que cette opération soit délicate et pour moi difficilement réalisable. pensez-vous que je prenne beaucoup de risque à me lancer? Bien cordialement. D. Théaudin

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    • Bonjour, non vous ne risquez pas grand chose s’il s’agit d’une interversion. Par contre il vous faudra recalibrer la mise au point comme je l’indique sur mes pages, sinon aidez-vous d’un papier calque. En principe ce Kodak modèle 42 donne d’assez bons clichés donc une réparation en vaut la peine. Peut-être ne s’agit-il que d’un desserrage des vis. Cordialement.

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    • Bonjour. Le problème est que l’obturateur souffre d’une inactivité prolongé et que les éléments qui le composent sont plus ou moins oxydés par le temps. Les ressorts ont perdu de leur efficacité ce qui le rend inopérant aux vitesses les plus élevées et aux vitesses lentes. Comme je l’ai relaté dans mon article la mauvaise qualité des composants le rend difficilement réparable même pour quelqu’un qui a comme moi – je le dis modestement – une bonne expérience des obturateurs. Ne parvenant pas à le réparer j’ai opté pour un changement radical sur le mien. A tout hasard vous pouvez lubrifier à dose homéopathique avec un tout petit pinceau le mécanisme des vitesses lentes que je montre dans l’article. C’est le gros point noir de cet appareil dont je déconseille l’achat s’il est en panne. Il est préférable de s’orienter vers un appareil équipé d’un obturateur Prontor ou Compur. Cordialement.

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      • Merci pour votre réponse,
        après ouverture j’ai vu que le mécanisme des vitesses lentes est absent. Je suppose qu’un « réparateur « l’a enlevé. Je vais laisser l’appareil pour le moment dans l’état actuel . Vous avez raison concernant la mauvaise qualité. Des fil d’acier fin comme des cheveux

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