Dans la famille des Rollei, les Rolleicord

A gauche un modèle V et à droite un Vb. L’apparence des façades est voisine des Rolleiflex hormis les couronnes de réglage des vitesses et du diaphragme.

Aujourd’hui on va s’intéresser aux frangins des Rolleiflex, les Rolleicord, dont je parle peu dans cet article: https://mlmpages.wordpress.com/2017/12/10/acheter-un-rolleiflex-que-faut-il-examiner/

Beaucoup m’ont questionné sur cet appareil qui est plus abordable que le Rolleiflex. Voici les grandes lignes concernant ces appareils.

Ce qui distingue essentiellement les Rolleicord des Rolleiflex de la période post 1945, c’est le système d’avancement du film par manivelle qui arme automatiquement l’obturateur avant le déclenchement. D’où l’appellation d’ AUTOMAT qui est apparue pour certains Rolleiflex. Les premiers Rolleiflex ne possédaient pas le couplage de l’armement et de l’avancement du film.

Quelques années après le lancement du Rolleiflex en 1928, les chiffres de vente restaient modestes, le Rolleiflex restant à un tarif élevé . Alors Franke & Heidecke eurent l’idée en 1933 de lancer un second appareil, le Rolleicord. Celui-ci comporte un système d’avancement du film par molette et vérification « à la lucarne » située sous le boîtier et un armement de l’obturateur non couplé. L’objectif est un honorable Zeiss Triotar à trois lentilles alors que le Rolleiflex possède un Tessar à quatre lentilles. L’obturateur Compur au 1/300 ème est commun aux deux appareils. Il est vendu 50% moins cher et très vite les ventes décollent.

Extrait du catalogue Lasalvary 1934

Dans les années d’après guerre, les Rolleicord vont progresser comme les Rolleiflex. Pour faire simple, je cite les principaux changements (chacun pourra se reporter aux sites dédiés à ces appareils où les évolutions sont détaillées): la correction de la parallaxe, un obturateur au 1/500 ème – d’abord Compur Rapid puis synchro Compur – un objectif à 4 lentilles (un Xénar en tous points équivalent au Tessar), un armement couplé à l’avancement du film (débrayable pour les doubles expositions) sans contrôle à la lucarne, des baïonnettes pour fixation des filtres et du paresoleil ….qui aboutirent au type II model 5 puis aux types III, IV et V. Enfin les derniers modèles Vb auront un viseur amovible pouvant être remplacé par un prisme, celui adaptable sur les Rolleiflex. Ce modèle comporte un système de correction de la parallaxe différent des modèles antérieurs. La gamme de ce Rolleiflex « du pauvre » fut constamment en évolution pour satisfaire un public exigeant.

Si les appareils permettent tous ou presque d’utiliser le Rolleikin pour photographier en 24×36, à partir du Va modèle 2, Rollei conçut un système de compteur de vue ingénieux adaptable pour des images au format réduit, 4 x 5,5, 4 x 4 et 28 x 40. Il suffit de changer le compteur de vue et d’adapter le cadre adéquat dans la chambre et le viseur de l’appareil. Il était livré avec le compteur pour 12 vues et le format 6 x 6. Les autres formats permettent 16 ou 24 vues avec une réduction importante de l’angle de visée qui limite l’usage de l’appareil à des champs étroits comme les portraits ou la photographie documentaire. De ce fait, peu de photographe équipèrent leur Rolleicord de ce système. La rareté fait que ces compteurs alternatifs et les masques sont difficiles à trouver. Le Rolleiflex T offrit la possibilité de photographier dans ces formats réduits uniquement avec l’ajout de masques, le compteur se calant automatiquement en fonction du masque.

Ces appareils connurent un réel succès durant des décennies en raison de leur qualité et de la possibilité de faire des clichés sérieux. Il était répandu dans les photo-clubs. Ce n’est pas un sous-appareil. Par rapport aux « flex » l’appareil offrait les mêmes performances. La différence est uniquement ergonomique avec un système d’armement et d’avancement du film, moins pratique, tout comme la conception du déclenchement de l’obturateur. En fait, le levier d’armement sert aussi de levier de déclenchement. Vu d’en haut, pour armer on déplace le levier vers la droite et pour déclencher on le pousse à gauche. Cette caractéristique ne changera pas. Elle rappelle les Semflex.

Elle déroute un peu ceux qui connaissent d’autres TLR, Rolleiflex, Yashica Mat, Seagull, Autocord. Le système peut amener l’opérateur à placer maladroitement sa main devant l’objectif. Pour pallier cet inconvénient, j’utilise un déclencheur Rolleiflex additionnel quasi introuvable de nos jours à des tarifs abordables qui se fixe sur le filetage du déclencheur souple. C’est, sinon parfait, du moins nettement mieux. On peut également utiliser la poignée Rollei qui s’adapte sur les Rolleicord.

A droite, le bouton poussoir déclencheur et, à sa gauche, le levier d’armement qui peut servir pour déclencher.

Autre point, pour changer les vitesses d’obturation et le diaphragme sur les modèles Vb, il faut pousser le levier de réglage des indices de lumination écrits en rouge en direction de l’objectif. Cette action libère la couronne située à l’opposé pour régler vitesses et ouverture. On s’y fait. Ne pas forcer.

Hormis le système d’avancement, armement, déclenchement qui est spécifique, les Rolleicord sont de la même conception que les Rolleiflex. Ils disposent de la correction de la parallaxe, d’une chambre noire à chicanes pour limiter les reflets, d’un obturateur au 1/500 ème avec self timer, des mêmes montures de filtres et de paresoleil en BAI 1, et de la possibilité d’utiliser la plupart des accessoires du « flex », poignée, rolleifix, tête panoramique….

La qualité intrinsèque de ces appareils est à moduler en fonction de leur état de conservation et de fonctionnement. Ils ne sont intéressants que s’ils fonctionnent parfaitement, sinon une révision s’impose ce qui réduit leur intérêt par rapport à des modèles plus perfectionnés et opérationnels. Il faut savoir qu’on peut en trouver à tous les prix indépendamment de leur état fonctionnel. Les modèles V, très nombreux, sont à privilégier.

Le V que je possède était très sale et les vitesses lentes étaient bloquées ce qui est courant sur ce type d’appareil en cas de longue inactivité. Je l’ai remis en service moi-même comme le second, un Vb, qui en plus de ce souci d’obturateur a son dépoli légèrement fêlé. La mise au point étant correcte le remplacement du dépoli n’est pas urgent. J’ai trouvé ces Rolleicord autour de 100€ avec plus ou moins d’accessoires utiles mais ils avaient tous l’obturateur à réviser.

Dépoli fêlé. Dimensions sur le Vb 63,5 x 68,5
Intérieur du Rolleicord avec le système de mise au point. Souvent la graisse s’est solidifiée. Elle doit être changée.

Le nettoyage classique porte sur le boîtier, le viseur, le dépoli, le miroir, l’objectif de prise de vue et de visée…Je me sers d’eau additionnée d’ammoniaque (5%) pour l’extérieur et de liquide pour nettoyer les verres de lunettes pour l’optique et le miroir. Le dépoli est soigneusement lavé à l’eau savonneuse.

Si vous cherchez un Cord fonctionnel on peut en trouver auprès des professionnels ou des particuliers. Le professionnel peut proposer une garantie, pour le particulier c’est plus hasardeux et un test s’impose pour vérifier que tout fonctionne bien, notamment l’obturateur. Depuis quelques années ces appareils atteignent des tarifs astronomiques. Certes ce sont de bons outils photographiques, mais de là à dépenser 400/500euros il y a un pas que je vous invite à ne pas franchir.

Voici un site dans lequel vous trouverez une estimation des Rolleicords et d’autres informations:

https://antiquecameras.net/leicahasselbladrollei/rolleicords.html